L’accessibilité dans la gestion de projets : initialisation du projet

Initialisation du projet

La phase de préparation est essentielle, il faut évaluer dès l’initialisation du projet la capacité des équipes à prendre en charge l’accessibilité, au moins pour les métiers impliqués dans la conception, développement et la rédaction.

S’assurer de la compétence des équipes métiers

Les designers, UX/UI, les intégrateurs, développeurs et les producteurs de contenus vont être particulièrement concernés par l’accessibilité. Il est donc nécessaire de s’assurer qu’ils ont les compétences suffisantes. Dans le cas inverse, il est indispensable d’y remédier par des actions de sensibilisation et de formation.

En dehors des formations de sensibilisation, les formations liées au référentiel technique diffèrent selon le profil utilisateur (ce ne sont pas les mêmes thématiques pour les développeurs ou les contributeurs qui seront abordées). Elles sont donc à adapter en fonction des profils.

Les formations accessibilité sont courtes, quelques journées pour les plus longues, et produisent généralement des profils rapidement opérationnels. Plus les formations seront faites en amont de la production, plus les résultats seront faciles à atteindre.

S’assurer des choix technologiques

Les choix technologiques peuvent avoir également un impact important sur la prise en charge de l’accessibilité. Il peut s’agir du choix d’un CMS, d’un framework de développement, d’une plate-forme de diffusion vidéo, d’un lecteur multimédia, etc.

Si les technologies doivent être choisies en fonction des objectifs et des contraintes du projet, leur capacité à gérer l’accessibilité doit être évaluée afin de pouvoir anticiper sur les besoins d’adaptation ou le recours à des solutions alternatives.

Évaluer le besoin en accompagnement externe

Le besoin d'un accompagnement spécialisé en support des équipes de production ou en audit et recette par exemple doit également être anticipé.

Il peut être lié à une problématique complexe identifiée dans les objectifs du projet ou au manque prévisible de compétence en interne dans la phase de production.

Il est toujours pertinent de prévoir une réserve destinée à prendre en charge des interventions spécialisées externes, voire de prévoir dès le départ un accompagnement spécialisé ce qui permettra de sécuriser les résultats.

Si les équipes de production sont formées, une enveloppe de dix à vingt jours, sauf complexité importante du projet, peut être considérée comme suffisante pour bénéficier d’un accompagnement de qualité sur un site de complexité et d’étendue habituelles.

Généralement, l’accompagnement est concentré sur :

  • la formation et la montée en compétences ;
  • les revues documentaires (spécifications fonctionnelles par exemple), les audits, les recettes et la qualification de livrables ;
  • le support en expertise pour le développement, notamment pour les problématiques les plus complexes ;
  • la production de guides de recommandations ;
  • l'assurance que le niveau d'accessibilité visé est atteint en préparation de la déclaration de conformité par exemple.

Anticiper les solutions aux problématiques les plus complexes

Si la plupart des contenus et des fonctionnalités ne posent pas de problème d’adaptation en termes techniques, il est possible que le projet web ou l’application propose des fonctionnalités très évoluées ou utilisant des types de formats spécifiques (ex. : PDF), qui, pour des raisons de complexité ou de temps, seront difficiles à rendre accessibles.

Il convient d'anticiper ces problématiques complexes ou la prise en charge de volumes importants à rendre accessibles afin de pouvoir choisir la meilleure solution. Cela passera généralement par la mise à disposition de contenus ou de solutions alternatives (en complément ou en remplacement des éléments non accessibles).

Ainsi, une fonctionnalité sophistiquée de cartographie ou la production à la volée de documents PDF nécessiteront la mise en place d’alternative parce qu’il sera trop complexe ou trop coûteux de traiter directement ce type de fonctionnalité ou de contenus.

Par exemple, une carte représentant le réseau de transport en commun d’une ville sera sans doute très difficile à rendre parfaitement accessible. Dans ce cas, une alternative constituée de la liste des lignes, de leurs arrêts et de leur correspondance peut être suffisante et beaucoup plus simple à produire.

De la même manière, la mise en accessibilité de documents PDF peut être particulièrement complexe en fonction de la nature des fichiers sources et des méthodes utilisées pour produire le PDF. Là aussi des alternatives en texte structuré (HTML, Microsoft Office ou Libre Office) seront plus simples à produire.

Si elles ne sont pas anticipées, elles pourraient devenir encore plus complexes à mettre en place, ralentir le projet voire dégrader significativement l’objectif de conformité.

Évaluer les prestations externes

Si le projet prévoit l’intervention de prestataires externes pour la fourniture de solutions, le développement ou la production de contenus, il faut s’assurer que les exigences d’accessibilité leur ont été transmises, par exemple dans le cahier des charges.

Il est également nécessaire de prévoir l'évaluation des livraisons en regard du RGAA, afin de s’assurer de leur conformité.

Par exemple, une maquette graphique devra être validée pour les thématiques RGAA concernées telles que l’utilisation des couleurs et des contrastes.

De même, les premiers templates devront bénéficier d’une revue de code permettant de s’assurer de la capacité du prestataire à développer accessible.

Si le cahier des charges a été correctement rédigé le prestataire devrait être tenu d’accompagner chaque livraison d’un audit RGAA en garantissant la conformité.

L’opération de contrôle qui restera nécessaire se bornant alors à vérifier l’audit du prestataire.

Planifier les interventions d’accessibilité

L’accessibilité et la conformité au RGAA vont nécessiter des points de validation et de recette tout au long du projet, par exemple en phase de conception, en phase de développement et enfin en phase de livraison ou de mise en production.

Ces points de validation vont permettre, au fur et à mesure, de contrôler certaines exigences d'accessibilité, par exemple la charte graphique et les contrastes en phase de conception, la structure du document lors de la livraison des templates, etc.

Il est donc important que ces phases de validation soient intégrées dans le planning.

La dernière phase de validation consiste généralement en la réalisation d'un audit avant la mise en production ; cet audit permet de produire la déclaration de conformité.

Évaluer l’opportunité d’outiller l’accessibilité

L’accessibilité se prête assez peu à l’automatisation ; la part de critères automatisables est en effet réduite (environ 20%) et l’essentiel des problématiques nécessite une évaluation humaine.

Néanmoins, il existe des outils de tests automatiques, certains étant spécifiques au RGAA.

Le RGAA lui-même fournit des ressources comme une barre d’outils d’accompagnement à l’audit et à la recette ou une bibliothèque de tests automatiques des composants riches JavaScript/Aria qui peut être utilisée en intégration continue.

L’opportunité d’utiliser ce type d’outils dépend de facteurs intrinsèques au projet mais leurs bénéfices peuvent être importants, particulièrement ceux qui peuvent facilement s’intégrer dans les méthodes de développement.